Vertere DG-1 Dynamic Groove

Bonsoir Monsieur,

Comme promis, voici une première restitution des premiers moments avec le couple Vertere DG1 et Dynavector 10X5.

Ce témoignage commence par une approche classique d’une écoute critique et se termine par une claque émotionnelle d’une intensité inédite..une remontée dans le temps 44 ans en arrière aux côté de mon arrière grand-père…

Système :

préamplificateur Moon

câble RCA Esprit Bêta

câble hp Esprit Alpha série spéciale

Amplificateur Tsakiridis Aeolos EL 34 (lampes sélectionnées et apairées par Air Tight)

Enceintes Summit X Martin Logan

Ergonomie de la platine :

L’utilisation du bras nécessite beaucoup de précautions car il est très mobile latéralement et verticalement avec un effet de rebonds à la descente vers le disque, qu’il faut maîtriser en descendant en plusieurs étapes.

Le bouton d’allumage, placé juste à côté de la courroie d’entrainement, nécessite un appui sur son côté droit pour ne pas toucher le courroie.

Les joints reliant les paroies latérales du capot sont très fragiles. Je remarque que le rebord tranchants du plexiglas du capot, cisaillent les joints en caoutchouc. De fait sur un platine récente il manque un joint et un autre est coupé à 90 % par le rebord du plexiglas du capot.

Les pieds réglables permettent un réglage fin du plan, avec un niveau à bulle. En revanche, ils sont glissants.

Le bouton d’allumage s’apprivoise rapidement pour allumer et éteindre, pour changer de vitesse (bonne idée d’avoir mis la vitesse 33 tours au premier appui), pour allumer ou éteindre la led de veille à l’avant de la platine.

Au bilan, ce n’est pas une merveille d’ergonomie mais avec du soin, la platine s’apprivoise.

Son :

Une face du disque se termine et on a l’impression qu’elle a été jouée en 5 minutes tellement le temps passe vite. Ce couple Vertere DG1 Dynavector 10X5 apporte un son organique tellement naturel et plein de matière, qu’on quitte son salon pour se retrouver directement sur le lieu d’enregistrement, au contact des instruments, et des chanteur. Matière ne veut pas dire qu’on se lasse d’une coloration excessive, au contraire, le son n’est pas fatigant mais rempli de tout ce qui doit l’être. Les détails sont présents, mais pas au détriement des timbres, ce qui est rare dans cette gamme de prix où il faut souvent choisir entre des aigus surexprimés donnant faussement l’impression du détail mais au détriment du timbre et des harmoniques. Là, le détail est au service de la texture des instruments et des voix, pas dans l’exagération de fréquences élevées. Tous les étages fonctionnent avec un équilibre tonal, les aigus ne sont pas agressifs, les médiums sont « complets » et quand il faut descendre dans les graves, rien ne semble arrêter cette platine et cette cellule. Le message est propre, sans aucun foulli, même avec des partitions impliquant de nombreux musiciens. On se souvient avec ce matériel que le vinyle est meilleur que le CD et que bien des solutions en ligne pourtant en Hi Res.

Ai-je détecté un défaut ? Très sincèrement avec mon système non. Peut-être serait-ce le cas avec un système plus exigeant ?

Ecoutes après écoutes, le corps en redemmande et ceci résume tout : le son délivré fait du bien, en rien il n’est toxique. L’écoute est un peu intellectualisée avec l’analyse qu’elle propose mais avant tout l’écoute est profondément sensuelle, on bat du pied, on veut redécourvrir tout sa discothèque. Pas de snobisme dans cette platine, surtout du timbre et du rythme, de la vie.

Souvent, on dit que l’orchestre vient dans le salon, avec cette platine et cette cellule c’est l’inverse, on va sur le lieu d’enregistrement et c’est bien la premlière fois que je vis cela avec un système à ce prix.

Quelques exemples :

Concert à Köln Keith Jarett

On se rend compte que le piano mis à disposition de l’artiste est un véritable bastringue de café théâtre et que l’artiste doit compenser par le jeu appuyé les limites de l’instrument bas de gamme qu’il faut faire sonner coûte que coûte, ce qui rend d’ailleurs cette interprétation exceptionnelle. J’écoute le CD en comparaison : il ferait un meilleur repoussoir à oiseaux dans un cerisier en été. J’écoute l’enregistrement sur Qobuz : c’est mieux que le CD mais s’avère limité en timbres.

Milton Buckner : Organ Chicago March 1961

C’est un disque très exigeant car il s’agit d’un orgue Hammon dont les timbres d’une infinie variété et le vibrato sont très difficiles à restituer. Que dire…l’orgue Hammon est dans le salon ou plutôt, on a quitté le salon pour se retrouver sur le lieu d’enregistrement. On est assis à quelques mètres de l’orgue, on entend le souffle de Milton Buckner. On comprend tout de la subtilité de l’orgue Hammon qui ne restitue jamais deux fois une note de la même manière. C’est un roman de Jules Vernes, il se passe quelque chose de différent à chaque page, à chaque hauteur tonale. C’est un festival, un concert live.

Dire Straits Brothers in Arms (édition MOFI…)

La platine est impitoyable : Dire Straits, on chante et on joue un peu faux comme dans la tradition de la musique Trad mais la magie du groupe est là. L’immersion est totale, on se rend compte du chef d’œuvre qui se présente à nous. La platine et la cellule nous disent tout de cet enregistrement, la révélation est totale. Et dire que je pensais connaitre ce disque que j’écoute depuis si longtemps…en fait je le découvre.

Le moment le plus intense arrive…

Antonin Chabrier « d’auvernha Nauta »

Il s’agit de mon arrière grand-père avec lequel j’ai appris le violon à 9 ans, à Riom es Montagnes dans le Cantal, dans le cantou de la cheminée de la ferme familiale.

Antonin_Chabrier_Violonaire_d’Auvernha-Nauta

http://www.violoneux.fr/wiki/Antonin_Chabrier

Me voici de nouveau transporté dans le lieu d’enregistrement, la maison de mon arrière grand père et je fais un voyage de 44 ans en arrière.

Mon arrière grand père revient du ciel et je me retrouve à ses côtés : tout y est, l’immersion est fidèle et totale.

100 fois j’ai écouté cet enregistrement mais c’est la première fois que je voyage dans le temps et me retrouve à quelques centimètres de mon arrière grand-père. Je reconnais la tonalité de la captation du magnétophone à bandes de Pèire Boissière, l’ambiance de la maison, la voix de mon arrière grand-père, tous les petits défauts et charmes de l’interprétation Trad, le jeu de violon d’un homme de plus de 80 ans. De nouveau il me montre comment tirer l’archet, comment poser les doigs sur le violon, comment « faire danser » les notes.

Alors forcément je fonds totalement en larmes…car l’espace d’un moment la réalité du présent m’échape, je ressens la musique d’Antonin Chabrier comme quand j’étais juste à côté de lui. Cette vérité, elle dit tout du couple Vertere DG1 Dynavector : il était impossible de me raconter des histoires avec ce vinyle car j’ai vécu la captation de l’enregistrement et je connais tout de la vois, du son et du jeu d’antonin chabrier, ainsi que les bruits de la maison.

L’écoute s’arrête là pour ce soir, le couple Vertere Dynavector m’aura donné toutes les émotions possibles, dont la plus intime d’entre elles en me replongeant dans mon enfance aux côtés de mon arrière grand père.

Quelle soirée…et tant d’autres qui s’annoncent…